29) Chapitre XXXIV L'interdiction de la cure par les choses illicites

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Catégorie : La Médecine Prophétique
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LA MEDECINE PROPHETIQUE

Par IBN QAYYIM AL JAWZIYYA

 

Chapitre XXXIV L'interdiction de la cure par les choses illicites

 

Abou Daoud a rapporté dans ses «Sunans» ces paroles de Abi El Dardae: «Le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a dit: «Allah a fait descendre le mal et le remède, assignant à toute maladie un remède. Soignez-vous en évitant les moyens illicites».El Boukhari a mentionné dans son «Sahih» un hadith rapporté par Ibn Massoud que le Prophète a dit: «Allah n'a établi de remède dans ce qu'il vous a rendu illicite».Dans les «Sunans», est rapporté d'après Abi Houraira: «Le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a interdit le recours au remède exécrable.Dans le «Sahih» de Moslim est cité d'après Tarek Ben Souwayd El Ja'fî: «qu'il a demandé le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, au sujet du,vin. Il le lui a prohibé, manifestant l'abhorration de sa fabrication. L'homme lui dit alors: «Je le prépare en tant que remède» et le Prophète lui répondit: «Le vin n'est point un remède mais une maladie».

Dans les «Sunans», est indiqué que «le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a été interrogé au sujet du vin utilisé dans les remèdes et il répliqua: «Le vin est une maladie et non pas un remède».

Ce Hadith a été relaté par Abou Daoud et Al-Tirmizi.Dans le «sahih» de Moslim, est mentionné d'après tarek Ben Souwayd El Hadrami: «J'ai dit: «O Prophète d'Allah, notre terre produit des raisins qu'on presse. Buvons-nous en le jus?» Il rétorqua négativement. Je l'ai donc consulté en disant: «Nous prenons ce vin comme remède à l'intention des malades!» Il dit alors: «Le vin n'est point un remède mais une maladie».Dans les «Sunans» de An-Nissaï est indiqué «qu'un médecin a mentionné l'utilisation d'une grenouille dans un médicament, en présence du Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, qui lui a interdit de la tuer».

Le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, avait dit: «Celui qui se soigne par le vin ne sera point guéri par Allah».

Le traitement par recours aux moyens illicites est indécent du point de vue rationnel et légitime.La loi, dans ce cadre, se ramène aux Hadiths précités et bien d'autres.

Quant à la raison, Allah qu'il soit loué, a interdit le traitement par moyens illicites en raison de leur obscénité. Allah n'a guère déclaré illicites les bonnes choses, en guise de châtiment pour la nation, comme il l'a fait pour les enfants d'Israël en disant: (C'est pour les punir de leur iniquité que nous avons interdit l'usage d'aliments autrefois autorisé) [Coran IV, 160].Allah a rendu illicites à cette nation ce qui était immonde afin de les protéger et de leur éviter son emploi.

Il ne sera donc guère convenable de l'utiliser pour pallier les maladies et les fléaux, vu qu'il engendre une maladie de cœur plus grave par la force détestable qu'il renferme. Le recoureur à ce remède aurait cherché à annihiler la maladie du corps, en établissant la maladie du cœur.L'interdiction d'avoir recours à la cure par moyen illicite suppose son évitement par tout moyen. Son utilisation comme remède est une incitation à sa sollicitation et à son adoption définitive, ce qui va à l'encontre de la visée du législateur.Ce remède illicite constitue également une maladie, conformé¬ment à la stipulation de l'auteur de la loi et il est désormais improbable d'y avoir recours. Ce remède illicite revêt la nature et l'âme du caractère détestable, vu que la nature réagit manifestement au médicament. Si la condition du remède est vilaine, la nature acquerra des caractéristiques détestables.

Qu'en sera-t-il alors si ce remède est vilain dans son essence même? Ainsi, Allah qu'il soit loué, a-t-il interdit à Ses sujets les aliments, les breuvages et les habits exécrables étant donné qu'ils transmettent à l'âme les caractères ignobles.L'autorisation de recourir aux remèdes illicites, surtout si les âmes y manifestent un certain enclin, est un prétexte qui permet à ces âmes de se diriger vers les caprices et le plaisir surtout si les âmes prennent conscience que ce remède leur est efficace car il abolit leur maladie et leur apporte la guérison, ce qu'elles chérissent le plus.Le législateur a prodigué tout effort capable d'invalider tout prétexte avancé. Il est indubitable qu'une contradiction et un paradoxe s'établissent entre l'invalidation et l'admission de tout prétexte pour se diriger vers ce remède.Ce remède illicite renferme une maladie plus imminente que la guérison qu'il espère acquérir.Supposons que nos paroles concernent le vin qui est la mère des turpitudes et dans lequel Allah n'a établi aucune guérison: il est extrêmement nocif au cerveau, qui constitue le centre de la raison du point de vue des médecins, de plusieurs légistes et des théolo¬giens. Hippocrate a affirmé, concernant les maladies ardues: «Le vin porte immensément atteinte au cerveau car il y parvient rapidement, entraînant avec lui les humeurs qui s'élèveront dans le corps.Ainsi, nuit-il à l'esprit».L'auteur de «Al Kamel» (le parfait) a dit: «La spécifîté du breuvage (du vin) est la nuisance au cerveau et aux nerfs».

Quant aux autres remèdes illicites, ils revêtent deux formes: le remède abhorré par l'âme et que la nature n'assiste pas pour repousser la maladie, tel que les poisons et la chair des serpents ainsi que les autres éléments souillés qui accablent la nature, se transformant de la sorte en maladie au lieu de constituer un remède.Le deuxième genre est le remède que l'âme ne rejette pas tel que le breuvage utilisé par les femmes enceintes.

Ce remède est plus délétère qu'utile. La raison exige de le rendre illicite vu que la raison et l'innéité se conforment à la loi dans ce domaine.Nous sommes ici en présence d'un secret camouflé qui consiste à ce que les remèdes illicites ne doivent guère être utilisés dans le traitement car la condition de la guérison par le médicament se ramène à son acceptation et à la croyance à son efficacité et à la grâce divine qui y est établie, car ce qui est utile est béni et la plus efficace des choses et la plus bénie. Et l'homme béni est celui duquel émane l'utilité là où il se trouve.Il est connu que la croyance du musulman à l'interdiction de ceci l'empêche de croire à sa bénédiction et à son utilité et son acception par la nature. Plus le croyant est dévoué, plus il aura de l'aversion pour ces remèdes, plus il les estimera nocifs et plus son caractère les détestera.

Si le malade prend ces remèdes dans ce cas, ils seront pour lui des maux plutôt que des médicaments et il devra croire à leur ignominie et les détester au lieu de les apprécier. Le contraire de ceci contredira la croyance. Le croyant n'y recourra guère car ils ne sont que maladie. Et Allah est omniscient.

 

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