Livre 54 - Ascetisme et indigents

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Catégorie : Sahih Muslim
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L'authentique de Mouslim

 

Livre 54 - Ascetisme et indigents


5260. D'après Anas Ibn Mâlik (رضي الله عنه), l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) a dit: "Trois choses accompagnent le cercueil de la personne morte: deux retournent et une seule reste avec lui. Ces trois choses sont sa famille, sa fortune et l'ensemble de ses œuvres; celles qui retournent sont: sa famille et sa fortune; et celle qui reste avec lui c'est: l'ensemble de ses œuvres".

5261. D'après 'Amr Ibn 'Awf (رضي الله عنه), l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) chargea Abou 'Ubayda Ibn Al-Jarrâh d'aller chercher le tribut du Bahreïn. Après s'être réconcilié avec les habitants du Bahreïn, l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) leur avait donné pour chef Al-'Alâ' Ibn Al-Hadramî. Comme Abou 'Ubayda retourna avec l'argent du Bahreïn, la nouvelle de son arrivée (Abou 'Ubayda) se répandit parmi les 'Ansâr. Ceux-ci firent avec le Prophète (صلى الله عليه و سلم) la prière de fajr (l'aurore); une fois la prière achevée, le Prophète (صلى الله عليه و سلم) voulut s'en aller, mais les 'Ansâr l'abordèrent. Alors, souriant à leur vue, le Prophète (صلى الله عليه و سلم) dit: "Vous avez, j'imagine, entendu que Abou 'Ubayda avait apporté quelque chose du Bahreïn?". - "Oui, ô Envoyé d'Allâh", répondirent-ils. - "Réjouissez-vous donc, et espérez obtenir ce qui vous causera la joie. Par Allâh! Ce n'est pas la pauvreté que je redoute pour vous; je redoute plutôt que les biens de l'ici-bas ne vous soient largement offerts comme ils l'ont été à vos devanciers et que, dans votre émulation à les acquérir, vous ne trouviez, comme eux, votre perte".

5263. D'après Abou Hourayra (رضي الله عنه), l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) a dit: "Lorsque l'un de vous regarde quelqu'un de plus favorisé que lui par la fortune et la progéniture, qu'il regarde plutôt celui qui est au-dessous de lui et de qui il est plus favorisé".

 

5265. D'après Abou Hourayra (رضي الله عنه), Il a entendu l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) dire: Il y avait parmi les israélites, trois hommes, un lépreux, un chauve et un aveugle, qu'Allâh trouva bon d'éprouver. Ainsi, Il leur dépêcha un Ange; celui-ci alla trouver le lépreux et lui dit: "Quelle est la chose qui te serait le plus agréable?". - "Un beau teint, une belle peau, lui répondit-il, et la guérison de cette maladie qui me rend répugnant aux yeux des gens". L'Ange ayant passé sa main sur cet homme, les taches de la lèpre disparurent et firent place à un beau teint et à une belle peau. - "Quel est le bien que tu préfères?", ajouta l'Ange - "Les chameaux, répondit-il - ou suivant une variante les vaches". ('Ishâq a douté sur ce point; toutefois, l'un des deux hommes: le lépreux et le chauve répondit "les chameaux" et l'autre "les vaches"). On lui donna une chamelle pleine de dix mois et l'Ange lui dit: "Qu'Allâh te la bénisse!". L'Ange alla ensuite trouver le chauve et lui demanda: "Quelle chose te sera le plus agréable?". - "Une belle chevelure, répondit-il, car les gens me trouvent ainsi répugnant". L'Ange passa alors sa main sur la tête du chauve, celle-ci se couvrit d'une belle chevelure. - "Et maintenant, ajouta l'Ange, quel est le bien que tu préfères le plus?". - "Les vaches", reprit-il. On lui donna une vache pleine et l'Ange lui dit: "Qu'Allâh te la bénisse!". Allant ensuite vers l'aveugle, l'Ange lui demanda quelle chose lui serait le plus agréable. - "Ce serait, répondit l'aveugle, qu'Allâh me rende la vue afin que je puisse voir les hommes". L'Ange passa alors sa main sur les yeux de l'aveugle et Allâh lui rendit alors la vue. - "Et maintenant, ajouta-il, quel est le bien que tu préfères le plus?". - "Les moutons", reprit-il. On lui donna une brebis pleine qui allait mettre bas. Les trois femelles ayant mis bas, le premier homme eut bientôt une vallée remplie de chameaux, le second une vallée remplie de bœufs et le troisième une vallée remplie de moutons. Quelque temps après cela, l'Ange, reprenant la figure d'un lépreux, vint trouver le lépreux d'autrefois et lui dit: "Je suis un homme malheureux, j'ai perdu en voyage toutes mes ressources et aujourd'hui il ne me reste que de m'adresser à Allâh et à toi. Au nom de Celui qui t'a donné un beau teint et une belle peau ainsi qu'une grande fortune, je te demande de me donner un chameau qui me permette d'achever mon voyage". - "J'ai de nombreuses charges", répondit l'homme. - "Mais, répliqua-il (l'Ange), il me semble bien te reconnaître. N'étais-tu pas un lépreux d'aspect répugnant et sans ressources, et Allâh ne t'a-t-Il pas donné (tout ce que tu as)?". - "Par contre, tout ce bien je l'ai hérité de mes ancêtres". - "Si tu mens répliqua l'Ange, puisse Allâh te faire redevenir comme tu étais!". Puis, prenant le visage d'un chauve, l'Ange alla trouver le chauve d'autrefois et lui tint les mêmes propos et obtint de lui la même réponse. - "Si tu mens, riposta l'Ange, puisse Allâh te faire redevenir comme tu étais!". Enfin l'Ange, prenant le visage d'un aveugle, se présenta à l'aveugle d'autrefois et lui dit: "Je suis un malheureux voyageur, j'ai perdu en voyage toutes mes ressources et aujourd'hui il ne me reste qu'à m'adresser à Allâh et à toi. Au nom de Celui qui t'a rendu la vue, je te demande un mouton afin que je puisse achever mon voyage". - "J'étais aveugle, répondit l'homme et Allâh m'a rendu la vue. Prends ce que tu voudras, car, par Allâh, je ne te contesterai pas quoi que ce soit que tu prendras". - "Garde ton bien, répliqua l'Ange. C'était seulement pour vous éprouver (tous les trois). Allâh est Satisfait de toi et Il maudit tes deux compagnons".

5267. Sa'd (رضي الله عنه) a dit: Je suis le premier des Arabes à lancer une flèche dans la voie d'Allâh; je nous vois encore faisant des expéditions avec l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) et n'ayant rien autre chose à manger que des feuilles de hubla (variété d'acacia) et ce samur (sorte de mimosa), au point que nos défécations ressemblaient à celles des moutons. Malgré cela (c.-à-d. mon ancienneté dans l'islam), un beau matin, les Banû 'Asad sont venus me corriger (en m'enseignant) les règles de la religion! Je suis déçu alors et mon œuvre est vaine! (Ibn Numayr n'a pas mentionné "alors".)

5274. 'Aïcha (qu'Allâh soit satisfait d'elle) a dit: "Depuis le jour de l'arrivée de Muhammad à Médine et jusqu'au moment de sa mort, sa famille ne mangea jamais à satiété le pain de froment trois jours de suite".

5280. 'Aïcha (qu'Allâh soit satisfait d'elle) a dit: "Il nous arrivait, nous la famille de Muhammad, parfois de rester un mois sans faire de feu (pour cuisiner) puisque nous n'avions que des dattes et de l'eau (pour toute subsistance)".

5281. 'Aïcha (qu'Allâh soit satisfait d'elle) a dit: "Lorsque l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) mourut, il ne restait pas chez moi la moindre nourriture convenable à un être vivant, si ce n'était qu'une demi-charge d'orge qui était placée dans un étagère et j'en mangeai bien longtemps; mais une fois que j'ai mesuré ce qui restait d'orge, il n'en est resté plus rien".

5284. 'Aïcha (qu'Allâh soit satisfait d'elle) a dit: "Le Prophète (صلى الله عليه و سلم) mourut et nous n'avions encore pour apaiser notre faim que les deux choses: les dattes et l'eau".

5286. Abou Hourayra (رضي الله عنه) a dit: "Par Celui qui détient mon âme dans Ses mains -selon Ibn 'Abbâd: "Par Celui qui détient l'âme de Abou Hourayra dans Ses mains"- jusqu'à la mort du Prophète (صلى الله عليه و سلم), sa famille ne mangea jamais à sa faim trois jours de suite le pain de froment".

N'entrez pas dans les maisons de ceux qui s'étaient fait tort à eux-mêmes à moins que vous soyez en pleurs

5292. D'après 'Abdoullâh Ibn 'Omar (رضي الله عنهما), le Prophète (صلى الله عليه و سلم) a dit au sujet des gens du "Hijr" (le peuple de Sâlih -que la paix d'Allâh soit sur lui): "N'entrez pas dans les demeures de ces gens-là qu'Allâh a châtiés, à moins que vous ne soyez en pleurs; si vous ne l'êtes pas, n'entrez pas de peur qu'il ne vous arrive un malheur semblable au leur".

La bienveillance à l'égard de la veuve, du pauvre et de l'orphelin

5295. D'après Abou Hourayra (رضي الله عنه), le Prophète (صلى الله عليه و سلم) a dit: "Celui qui soutient la veuve et le pauvre aura le même mérite que celui qui combat dans la voie d'Allâh". Le transmetteur poursuit: "Je crois qu'il a ajouté: ou que celui qui jeûne constamment le jour et veille inlassablement la nuit (pour prier)".

Celui qui associe un autre à Allâh dans un travail fait pour Sa face

5302. D'après Jundub Al-'Alakî (رضي الله عنه), le Prophète (صلى الله عليه و سلم) a dit: "Celui qui ne cherche que l'ostentation par son œuvre, Allâh fera montrer son hypocrisie aux gens, en la démasquant; et celui qui ne cherche qu'à faire étalage de son œuvre devant les gens, Allâh dévoilera également son hypocrisie".

Paroles qui feront précipiter son auteur dans l'Enfer

5303. D'après Abou Hourayra (رضي الله عنه), Il a entendu l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) dire: "L'homme peut prononcer des mots, à cause desquels il glissera dans l'Enfer (à une profondeur) plus grande que la distance qui sépare l'Orient de l'Occident".

Châtiment de celui qui ordonne de faire le convenable et de s'abstenir du mal sans pour autant se plier lui-même à cette règle

5305. Ousâma Ibn Zayd (رضي الله عنهما) a dit: J'ai entendu le Prophète (صلى الله عليه و سلم) dire: Le Jour du Jugement Dernier, un homme sera traîné pour être jeté en Enfer, ses entrailles sortiront alors de son ventre et on l'attachera avec ses entrailles à un moulin à moudre, comme un âne est attaché à un moulin. Les gens de l'Enfer s'assembleront autour de lui et lui demanderont: "Hé! Untel, Qu'as-tu donc? N'est-ce pas toi qui ordonnais le convenable et qui interdisait le blâmable?". Il répondra: "Si, j'ordonnais le convenable, mais je ne le faisais point; j'interdisais le blâmable et je le pratiquais moi-même".

Interdiction à l'homme de faire parade de ses péchés

5306. Abou Hourayra (رضي الله عنه) a dit: J'ai entendu l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) dire: Toute ma Communauté sera absous de leurs péchés sauf ceux qui font parade de leurs pêchés à l'exemple de celui qui après avoir commis une mauvaise œuvre pendant la nuit, dit le lendemain, alors qu'Allâh n'a point laissé révéler la chose: "Eh! Untel, hier j'ai fait telle et telle chose", car Allâh avait laissé la chose secrète toute la nuit et l'homme, lui, vient le matin rompre le secret gardé par Allâh.

Dire à celui qui éternue (et loue Allâh): "Qu'Allâh te fasse miséricorde" et mépris du bâillement

5307. D'après Anas Ibn Mâlik (رضي الله عنه), Deux hommes éternuèrent en présence du Prophète (صلى الله عليه و سلم), celui-ci dit alors à l'un d'eux: "Qu'Allâh te fasse miséricorde!". L'autre homme demanda alors au Prophète: "Pourquoi quand untel a éternué, tu lui as dit: Qu'Allâh te fasse miséricorde, alors que lorsque moi j'ai éternué tu ne m'as rien dit?". - "Cet homme, répondit le Prophète, a loué Allâh après avoir éternué, tandis que toi, tu ne l'as pas fait".

5310. D'après Abou Hourayra (رضي الله عنه), le Prophète (صلى الله عليه و سلم) a dit: "Le bâillement provient du diable; lorsque l'un de vous a envie de bâiller, qu'il essaye d'étouffer son bâillement autant qu'il peut".

A propos de la souris

5315. D'après Abou Hourayra (رضي الله عنه), l'Envoyé d'Allâh (صلى الله عليه و سلم) a dit: "Un groupe des israélites a disparu, sans que l'on sache ce qu'il est devenu; pour moi, j'estime qu'ils se sont métamorphosés en des souris; ne remarquez-vous pas que lorsqu'on met à sa portée du lait de chamelle, la souris n'y touche pas, tandis qu'elle boit fort bien le lait de brebis".

Le Croyant ne doit pas être piqué deux fois d'un même trou

5317. D'après Abou Hourayra (رضي الله عنه), le Prophète (صلى الله عليه و سلم) a dit: "Le Croyant ne doit pas se laisser piquer deux fois (par un animal) sortant d'un même trou".

Interdiction de l'excès de l'éloge

5319. D'après Abou Bakra (رضي الله عنه), Un homme ayant fait l'éloge d'un autre devant le Prophète (صلى الله عليه و سلم), celui-ci dit: "Mais malheureux! Tu coupes le cou à ton ami, tu coupes le cou à ton ami". Et il répéta ces mots à plusieurs reprises, puis il ajouta: "Celui d'entre vous qui tient absolument à faire l'éloge de son coreligionnaire doit dire: Je crois qu'untel est -et Allâh sait bien ce qu'il est et Il lui en tiendra compte- qu'il est tel et tel".

5321. Abou Moûsa (رضي الله عنه) a dit: Le Prophète (صلى الله عليه و سلم), ayant entendu un homme faire l'éloge d'un autre ou le faire d'une manière exagérée, dit: "Vous avez tuer cet homme?, -ou suivant une variante-, vous lui avez brisé le dos".

Jugement porté sur l'enregistrement de la science

5325. D'après 'Aïcha (qu'Allâh soit satisfait d'elle), 'Urwa a dit: Un jour, comme Abou Hourayra transmettait les hadiths du Prophète, il disait à 'Aïcha: "Ecoute, ô maîtresse de céans! Ecoute, ô maîtresse de céans!" (pour qu'elle approuve ce qu'il dit). 'Aïcha faisait alors la prière, et quand elle la termina, elle dit à 'Urwa: "Entends-tu ce qu'il disait? Le Prophète (صلى الله عليه و سلم), quant à lui, faisait ses récits, (si lentement qu') on aurait pu compter ses paroles".
 

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